Pratiquez la validation

Les Patients TPB ont subi de l’invalidation sous différentes formes dans leur existence et c’est ce qui explique leur vulnérabilité à la  moindre critique.

Qu’est-ce que la non-validation ?

L’ignorance, la négligence, le rejet,  le rabaissement, le harcèlement, les abus,  la critique ou la moquerie, le manque de soutien et de sécurité par l’entourage ou même une éducation plutôt sévère peut créer un sentiment de ne pas avoir de la valeur, d’être différent ou de ne pas être digne d’amour et de sympathie. A chaque fois que la personne borderline a ce sentiment une blessure émotionnelle douloureuse s’ouvre et  la patiente lutte de toutes ses forces contre cette douleur souvent à l’aide d’émotions ou de moyens dysfonctionnelles.

C’est pour cela que l’entourage peut aider la patiente à se sentir moins en invalidation par une stratégie de validation.

Qu’est-ce que la validation

La validation est utilisée pour soutenir les stratégies de changement chez la personne au TPB, lui apprendre à se valider lui-même, maintenir la relation et réduire la dérégulation émotionnelle.

La validation n’est pas nécessairement un accord, une approbation ou une tolérance du comportement, mais un refus affirmé de traiter quelqu’un comme s’il était mauvais, fou ou complètement faux, quel que soit son comportement.

Ce qui est validant pour une personne n’est pas nécessairement la même chose pour une autre.

Il va de soi que si un environnement invalidant crée des problèmes pour une personne souffrant de dérégulation émotionnelle, un environnement validant fera partie de la solution.

Marsha Linehan définit la validation comme une communication à la personne lui signifiant que ses réponses ont un sens et sont compréhensibles dans son contexte ou sa situation de vie actuelle.

Elle dit : J’aime à penser que la validation est un refus obstiné de traiter une personne comme si elle était mauvaise, folle ou incorrecte, quel que soit son comportement. Évidemment, cela peut parfois être un défi, en particulier lorsque le comportement est difficile à valider, mais nous savons que ces comportements sont sous-tendus par la recherche de solutions contre la souffrance émotionnelle .

Quel est donc le but de la validation dans la TCD ? Pourquoi l’entourage devrait apprendre à valider la personne TPB ?

Une des raisons est de montrer à la personne borderline comment s’auto-valider. Ainsi, lorsque nous les validons, nous leur montrons comment  elles peuvent se valider. Et finalement, nous dirigeons la personne TPB vers l’auto-validation qui est source de fierté, d’autosatisfaction et de confiance en soi.

En outre, la validation développe et entretient la relation. Il est beaucoup plus facile de construire une relation si quelqu’un la valide et vous, en tant que proche devez être capable de participer à la construction de cette relation positive.

Nous utilisons  la validation pour désamorcer les émotions intenses et aider les borderliners à réguler leurs émotions. En outre, nous pouvons aider les personnes TPB à étiqueter ces émotions tout en les aidant à les désamorcer et à les réguler. 

Nous leur transmettons constamment le message suivant : « ce que vous ressentez n’est pas absurde, cela fait sens ». 

Et même si vous ou moi ne trouvons pas de sens, je sais que c’est seulement parce que nous avons encore du mal à comprendre. Et donc, pouvons-nous essayer d’ y arriver ensemble ?

La validation est une compétence qui peut être apprise et pratiquée par tout le monde. Afin de valider, il est important de rechercher activement la validité. Ce n’est donc pas quelque chose qui vous tombe tout cuit dans le bec. C’est quelque chose qui va être difficile, surtout s’il s’agit de personnes borderline qui ont beaucoup de comportements dysfonctionnels .

Vous devez donc rechercher activement la validité, un peu comme si vous essayiez de trouver « une pépite d’or dans une tasse de sable », comme le dit Marsha Linehan.

Comment valider ?

La validation implique de communiquer à la fois avec des mots et des actions. Les expressions non verbales comme le contact visuel, le hochement de tête, le sourire et autres signes peuvent être des outils puissants pour communiquer la validation. Une fois, en thérapie il fallait aider un couple en apprenant à la femme à hocher simplement la tête pendant que son mari essayait de s’expliquer. Avant cela, alors qu’il trébuchait dans ce qui semblait être une explication maladroite, elle se contentait de le regarder. Et en observant de l’extérieur, on pouvait dire que le manque de validation non verbale faisait partie du malaise qu’il ressentait. La femme a donc coachée sur ce point et ça a fait une grande différence. Nous voulons aussi nous assurer que nous n’utilisons pas seulement nos mots mais aussi nos actions.

Au-delà des mots, la validation fonctionnelle s’appuie sur des actions, c’est-à-dire pas seulement des comportements non-verbaux mais des actions réelles. Ainsi, par exemple, au lieu de valider le poids de cette porte, vous pourriez intervenir pour aider une personne à l’ouvrir. Ce serait un exemple de validation fonctionnelle. Lorsque vous validez verbalement, il n’est pas nécessaire ni même conseillé de féliciter ou d’essayer de faire en sorte que quelqu’un se sente bien. La validation n’a pas pour but que quelqu’un se sente bien, même si se sentir bien ou plus paisible peut être un résultat annexe. Bien que le fait d’encourager et de souligner les points positifs puisse être une validation pour certains, cela peut en fait être très invalidant pour d’autres. 

Vous pouvez penser à un moment où vous avez fait subi une perte. Il peut s’agir d’une perte profonde ou simplement d’une perte irritante de quelque chose et quelqu’un a essayé de vous montrer les points positifs de cette perte sans que vous en décidiez vous-même ou que vous demandiez à cette personne de vous aider à vous les montrer. 

Donc cette expérience n’était probablement pas une validation.

Pour réussir à valider, vous devez vous identifier à ce que nous appelons la perspective des autres. En d’autres termes, pouvez-vous voir les choses comme eux.  Pouvez-vous vous mettre à leur place, là où ils sont ? C’est l’endroit, vous savez, où ils sont dans le temps, où ils sont dans leur vie, où ils sont en termes d’expériences et de ce qu’ils ont vécu, de comment ils se sentent. De la même manière que vous ne voudriez pas suivre les indications d’une personne qui a une idée erronée de l’endroit où vous vous trouvez, les personnes borderline ne veulent pas suivre les conseils d’une personne qui ne semble pas comprendre leur point de vue.

Il y a certains obstacles à la validation qui se présentent pour tout le monde. Le premier est simplement un manque général de compétences. Vous ne savez peut-être pas comment faire. Vous pouvez être un bon validant lorsque vous voyez clairement la logique générale d’un comportement ou lorsque vous êtes d’accord avec le point de vue de l’autre personne, mais lorsque cela va au-delà, vous avez du mal. C’est là que la validation dont nous parlons est utiles pour trouver la pépite d’or dans le sable. Donc les obstacles à la validation sont de ne pas savoir comment valider car nous n’avons jamais reçu cet enseignement.

Deuxièmement, les émotions fortes sont aussi des obstacles. Lorsque nos émotions sont intenses, lorsque les choses s’enveniment, nous avons bien sûr moins accès aux informations qui nous aideraient à trouver ce qui est réellement valable dans une situation. Nous n’avons donc pas autant accès à notre cerveau. Il est donc important de s’entraîner. Et lorsque vous vous exercez, il est important de le faire avec quelqu’un d’autre en vous mettant dans une situation émotionnellement plutôt activante, comme par exemple de demander à quelqu’un de vous critiquer.

Un autre obstacle est le manque de volonté. Parfois, en raison de multiples interactions aversives, la relation peut être endommagée au point que la validation est très difficile à cause d’un ressentiment qui dure. En tant que membre de l’entourage vous pouvez donc ne pas être disposé à le faire. Vous pouvez souhaiter le faire, mais en général, vous n’êtes pas prêt à valider.

Enfin, il y a parfois, la crainte que le comportement dysfonctionnel de la personne ne s’aggrave. Ainsi, si je valide le fait qu’une personne se coupe, par exemple, je peux avoir peur que cette validation signifie que je tolère ce comportement ou que je le renforce d’une certaine manière.

Il est donc important de faire la différence entre validation et renforcement. Comme cela a déjà été dit , valider quelque chose ne signifie pas nécessairement être d’accord, d’approuver ce comportement. La validation n’est pas une approbation, mais une manière de comprendre ce que la personne a amené dans ce comportement. Elle est d’ailleurs très capable de comprendre son comportement dysfonctionnel et peut décider de l’arrêter si elle voit qu’il y a d’autres options d’atténuer sa souffrance. Mais si elle remarque qu’elle est comprise et apprécié malgré ce qu’elle fait, elle est d’autant plus motivée pour cela.

Exemples concrets de validation :

Voyons si vous avez compris la validation…..

  1. A (borderline) fait des reproches à B, car selon A elle s’est mal comporté. Comment B  valider les reproches ?

A dit : Lorsque je t’ai vu en ville l’autre jour, tu t’es tourné vers Susie en rigolant de façon idiote sans me saluer…. tu crois que je comprends pas ce qui se passe…

B en validant: Oh, tu as vu que j’ai rigolé avec Susie et a pensé que nous rigolons de toi. Si tu penses cela, c’est normal que tu es en colère. Je suis désolée.

B en invalidant: C’est pas pour cela que tu as besoins de faire tout un foin…..

  • Lesquels des 2 énoncés d’un père à sa fille est une invalidation…
  1. ….J’ai vu que m’as menti hier, n’arrives-tu donc pas à changer malgré ta thérapie ?
  2. …..Peut-être as-tu menti parce que c’était émotionnellement très compliqué de me dire la vérité….

Bien sur que c’est l’énoncé a)